Brett a toujours été indépendant et mobile. En effet, ce jeune américain a grandi avec l’idée que la monde n’était pas si grand, il a toujours rêvé d’associer son activité avec sa passion du voyage. Après des séjours universitaires en Europe et quelques stages sur le continent, il a pris gout plutôt rapidement à un mode de vie presque inexistant avant l’explosion du numérique. « Il était alors bien simple de voyager à cette époque ! » avait-il expliqué à son interlocutrice qui lui avait proposé quelques options pour s’échapper. C’est sur un coup de tête qu’il s’était rendu au Nicaragua. Le changement de présidence à Washington et la pandémie qui commençait à durer a invité Brett à plus travailler en ligne, à faire ses valises et à passer la saison au sud, au chaud, au Nicaragua.

Maelle avait bien conseillé Brett. L’agence disposait d’un certain carnet d’adresse, il était facile pour elle de proposer des options « sympa » et « chill » à ce voyageur-travailleur moderne : un digital nomade. Le monde compte de plus en plus de travailleurs indépendants exerçants leurs activités sur la toile. Programmeurs, dé programmeurs, ingénieurs, consultants ou bloggeurs, 50% des travailleurs indépendants aux États unis travaillent en ligne. Mobiles, libres et connectés, une génération de nouveaux travailleurs qui avaient tout compris.

Brett avait ainsi commencé « sa saison » par quelques jours de détente dans les Caraïbes Nicaraguayennes avant de se mettre au travail. Les Corn Island avaient semblé être un bon départ. A l’écoute et prête à rendre service, l’agence Terra Nicaragua avait bien informé ce dernier. Les détails et informations concernant son voyage et son arrivée ici étaient clairs et simples : Une fois les billets en poche, un test PCR serait demandé à l’arrivée (comme partout), pas d’isolement obligatoire et un séjour autorisé de trois mois maximum. Pas de visa particulier, une petite taxe serait à payer à l’entrée. Séjourner à corn Island dès le début était une bonne idée, on ne peut pas faire plus isoler. On n’est loin des caraïbes française ou bataves, les deux petites iles de mais mouillent tranquillement au large de la côte est du Nicaragua. L’activité a toujours été au ralenti là-bas, encore plus cette année. Un air de Cuba et de Jamaïque flotte, Brett avait accepté avec plaisir le petit bungalow débusqué par Maelle, face à la mer. Confinement doré.

Maelle et Brett s’était ensuite croisé à Managua et avait partagé un café. Le temps pour Maelle de glisser ses derniers « tips » à son client qui n’était pas là que pour des vacances. C’était sur la route de León que Brett avait commencé à feuilleter son carnet de voyage. La proposition était simple : Une liste des bons plans et hôtels dans le pays. Tous les établissements disposent d’une bonne connexion internet et tous proposent un cadre de séjour et de travail idéal.

León, comme une autre capitale au Nicaragua, est une ville chaude et accueillante. Une belle cabaña dans un hôtel propre louée pour le mois était parfaite. Un toit de palme et une petite terrasse plantée dans un petit oasis vert au bord de la piscine à quelques encablures du centre historique étaient un bon spot pour commencer le travail. Brett avait ainsi pu commencer sa saison et était resté de longues heures connecté les pieds dans l’eau. Les pauses forcées et les petites sorties en ville étaient comme des petites récompenses. La vie n’est pas chère par ici avait glissé brett au gérant de l’hôtel. Le temps passait vite. Les valises avaient été ensuite chargées dans le taxi. Maelle avait alors prévu un passage au bord du pacifique. Brett voulait surfer après le boulot. Accueilli comme un ami au sein d’une « surfhouse » non loin de la capitale de révolution. Brett s’était senti à la maison. Il profitait de la vue sur mer et continuait le travail. Les sessions de surf avaient parfumé le séjour, tôt le matin ou pendant le coucher de soleil, Brett considérait ce cadre de travail comme une bénédiction. Les locaux s’interrogeaient forcément, ils le voyaient passer des heures devant l’écran et tapoter comme un forcené. Le café était à peine terminé que les valises s’étaient encore retrouvées dans un coffre, direction l’ile d’Ometepe.

Il avait effectué un stop d’une quinzaine de jours à Granada et à Catarina. Il avait alors passé quelques heures en meeting en direct de la lagune de apoyo, non loin. Le cadre avait été difficile à camoufler sur sa webcam. Il avait fini par décrire l’endroit où il était, l’eau était douce et la nature bien verte et luxuriante. On entendait les singes, il aurait dû couper le micro. C’était l’occasion de chanter quelques louanges sur ce pays lointain et attirant. Les deux mois d’expatriation au pays des lacs, des volcans et des vagues avaient bien filé, c’était passé drôlement vite. A l’affut de l’ouverture de certaines frontières, Brett jetait un œil sur les possibilités d’acheter un billet d’avion. Maelle avait fini par le rappeler, histoire de savoir comment se passer le long séjour du travailleur en ligne. Brett avait fini par avouer qu’il prolongerait volontiers sa saison de travail. « – Costa Rica ou Salvador, libre à vous de poursuivre votre route, je vous laisse la liberté de choisir. J’espère que vous avez apprécié le pays. » Maelle avait presque invité Brett à conclure et à donner son avis sur son passage au Nicaragua. Les quelques semaines de travail s’étaient réellement bien passées, aucun problème d’internet dans ses hébergements, un bureau ouvert ou une simple table dans un cadre paradisiaque à chaque étape, la météo avait été plus que clémente, il y avait eu du vent et des vagues. Quelques coups de soleil durant les randonnées étaient restés sur les bras du jeune américain comme des souvenirs de sa randonnée terminant sur le cratère chaud de Masaya, comme un dernier « trip » avant de rentrer. Brett n’avait pas eu le temps d’y réfléchir, il avait raccroché en annonçant à Maelle qu’il la rappellerait le lendemain, la nuit porte conseil. Il allait dormir au bord de la lagune et allait éteindre son téléphone et son laptop, il avait décidé de couper et de débrancher. Il aurait bien le temps de penser. Rester et travailler, connecté et déconnecté à la fois. Pourquoi ne pas continuer ?