Recit d’une reconnaissance au sud du Nicaragua.

Le rio San Juan et la nature luxuriante de cette rivière ou piste maritime fait d’elle une destination réellement attractive. Beaucoup de zones du rio se connectent avec le lac Nicaragua, Cocibolca, et avec les Caraïbes… Une incroyable faune et flore tropicale bordent le rio San Juan. Certains chapitres de l’incroyable histoire du Nouveau Monde se sont écrits ici, entre pirateries et forts défendus par des locaux devenus héros nationaux.

Cela faisait quelques temps que nous trouvions qu’il était temps d’aller visiter nos partenaires dans cette région, dans l’endroit le plus isolé du Nicaragua. S’y rendre a tout l’air d’une mission exploratrice d’un autre temps mais la logistique habituelle et l’organisation des transports de l’agence a rendu les choses bien plus simple.

Au départ de Managua, nous nous sommes rendus à San Carlos, 5 heures de route plutôt facile nous ont amené à contourner le lac et à se diriger vers le port. Nous approchons alors de la frontière avec le Costa Rica. Le rio San Juan est une des délimitations naturelles entre les deux territoires. Un petit café et un déjeuner typique avalé et nous voilà dans une lancha « express », un petit bus maritime que les natifs ou locaux de la zone occupent presque quotidiennement. Deux heures à naviguer sur le fleuve nous permettent alors d’apprécier les rives vertes et dépeuplés, la nature est toute puissante ici, il y a un air d’Amazonie ou de Pocahontas.

Nous voyons alors se dessiner le fort de El Castillo, la destination. Le drapeau National flotte sur ce fortin, surement un moyen de rappeler aux voisins Ticos que le rio est bien Nicaraguayen. C’est peut-être pour cela qu’il est encore à l’état naturel, le tourisme vert de masse n’est pas encore passé par là. Quelle drôle d’impression nous avons en mettant les pieds sur l’embarcadère ! Comment un petit village a-t-il fait pour se développer aussi loin de la « civilisation » ? Comment font-ils pour s’approvisionner ? De quoi vivent les gens sur place ? C’est le bout du monde ! L’accueil est chaleureux et très amical. Cela faisait quelques semaines qu’un touriste n’avait pas posé les pieds dans le coin, les petits restaurateurs et hôteliers du coin avaient un grand sourire en nous croisant. Marcher dans les petites ruelles du village, croiser une église, se rendre au fortin et mesurer l’importance qu’avait eu cet endroit à l’époque des conquistadors et bien plus tard pendant la fièvre de l’or. Il faut avouer que nous avons été surpris, cela fait du bien de se retrouver dans un endroit authentique et tranquille

Une belle surprise nous attendait, nous avons été accueillis comme des princes à l’hôtel Luna del rio. Une espagnole a décidé il y a quelques années de monter une petite guesthouse cosy et confortable sur le bord du fleuve, au cœur du village. La nuit a été reposante et nous a permis d’appréhender tranquillement la visite de la réserve le lendemain.

La réserve biologique Indio Maíz est considérée comme l’une des réserves naturelles les plus grandes, plus de 3.000 km2, et les plus préservées du Nicaragua. Elle est le cœur de la faune et la flore du pays et de la région. Entre la centaine d’espèces d’oiseaux et autres animaux ailés dont des toucans, de gros mammifères tels que pumas ou jaguars, on a la chance de pouvoir compter sur la présence de trois des plus belles espèces de singes présentes sur le secteur : le singe congo, le singe à face blanche et le singe araignée. Le témoin et garant de la préservation de cet espace est bel et bien l’état nicaraguayen, qui pour la protéger interdit l’accès à la plus grande partie de la réserve mais permet la visite sur un territoire défini suffisamment grand pour nous permettre de découvrir toutes ses merveilles.

Située à une demie heure de lancha de El Castillo, la réserve est une vraie surprise et nous avons apprécié la visite avec Orlando.

Profitons d’être dans la région pour passer coté lac, direction les iles Solentiname. Retour à San Carlos et embarquons avec José pour 2 jours dans l’archipel de 36 iles situées au sud du lac. Nous passons d’un endroit que nous pouvons considérer comme rustique et hostile à un vrai paradis. Moins d’une heure de navigation après avoir quitté San Carlos, nous voilà dans les eaux tranquiles des iles Solentiname. La réputation de cet endroit n’est plus à faire, beaucoup d’artistes sont venus chercher l’inspiration par ici, et nous comprenons pourquoi. Il n’y a pas de touristes, pas d’infrastructures immondes, juste des petits ilots habillés de petites maisons. C’est vert et fleuri partout et les gens qui y vivent transpirent la paix.

Une grande communauté de pêcheurs et d’agriculteurs y vivent, dans une riche et abondante nature.

Fin des années 60, période hippie oblige, Solentiname s’est vu connu et reconnu par la communauté artistique mondiale.  Sur place on y trouve des peintures primitives et un artisanat bien spécifique et typique. Cet archipel baigne littéralement dans une naturelle et véritable réserve, la faune et la flore y sont impressionnantes. Finalement, ce n’est pas bien loin de San Carlos. Évidemment l’accès y est limité, l’électricité aussi par la même occasion. C’est d’ailleurs une des “ressources” et force de cet endroit : La Nature !

Nous avons passé un moment incroyable sur place et avons fait de belles rencontres. La pêche a été bonne aussi, les repas du soir étaient franchement délicieux et changeaient complètement de ce que nous avons l’habitude de manger au Nicaragua. C’est autour d’un petit flan de coco parfumé à la mangue que nous avons organisé notre excursion dans la réserve située non loin de là : les gatusos.

Cette zone humide de forêts de plus de 400 km2, formée de rivières, canaux et lagunes abrite un important écosystème sauvage. Du côté de la flore, vous trouverez un grand nombre de plantes et d’arbres en plus d’une végétation marécageuse abondante. Du côté de la faune, vous pourrez y voir des mammifères tels que des pumas, des jaguars, des paresseux, différentes espèces de singes, des tortues d’eau, des alligators ou encore des iguanes, en plus des centaines d’espèces d’oiseaux.

Il faut avouer que cette dernière visite a été notre grand coup de cœur. Seuls en bateau au milieu de la réserve, nous avons eu la chance de voir les animaux de si près ! Nous avons fini par atterrir dans un petit village isolé, encore ! Il y a des militaires dans la zone, nous sommes vraiment proche du Costa Rica. L’ambiance est bonne, les locaux nous donnent l’impression de sortir d’un vieux roman d’aventure, chapeaux armés sur la tête, la machette à la ceinture, ils se déplacent tous en pirogues ou en lanchas, les caïmans dorment sur le bord de la rive. On se croit alors dans « tintin et l’oreille cassée ».

Le temps de saluer notre guide José et de le remercier pour ce moment incroyable, nous nous rendons à Colon, le port de destination, coté est du lac, afin de rentrer vers Managua. La route est ouverte, sans souci. Il commence à pleuvoir. Nous avons tous du mal à réaliser que nous venons encore une fois de vivre une expérience fabuleuse.