« – Allo? Hola jefe ? j’appelais toujours ainsi Antoine, et je savais qu’il appelait pour une question sérieuse. »
Le Nicaragua est un des rares pays qui n’a pas franchement pris de direction précise dans la gestion de cette crise. Nous sommes bien loin de parler de catastrophe sanitaire ici, il n’y a pas de confinement. Les gens se sont auto-confinés et nous sentons bien que la catastrophe sera économique pour beaucoup. La vie suit son cour et le travail reste à faire, reconnaissance comprise. Faire une « reco », c’est un terme souvent utilisé par les explorateurs modernes ou certains militaires ou autres boyscouts. C’est un volet « sympa » de notre travail au Nicaragua, bien que nous appréciions beaucoup la tranquillité de notre vie sur une petite plage isolée . C’est du confinement doré vous me direz.
« – Yes amigo, J’espère que ça va au pays, je t’ai envoyé un mail. Il faut absolument que vous partiez au sud, faire un point sur les opérateurs avec qui nous travaillons, les locaux surtout ! Voir s’ils seraient tout simplement ouverts et opérationnels en fin d’année. Faut préparer l’après covid, avait-il terminé de dire.
Partir au sud était une bonne idée du patron, c’est un centre névralgique pour les aventuriers et voyageurs que nous accueillons au Nicaragua. Les plages environnantes de San Juan del Sur sont surement les plus belles plages que nous avons pu croiser dans notre courte existence. Au delà des spots de surf multiples, les réserves naturelles abondes et la proximité avec le Costa Rica donne beaucoup d’espoir pour les travailleurs dans la région, qu’ils soient pêcheurs, serveurs, managers d’hôtels ou entrepreneurs locaux. La route est sympa, c’est un plus…
En route pour le sud alors, prenons quelques jours et vérifions si nous pouvons encore trouver des « spots » ouverts pendant cette « maldita pandemia ». Se loger reste très simple par ici, louer une maison perdue dans la jungle à 5 minutes de la plage semble être le meilleur compromis, pour se protéger et protéger les autres. Booké et c’est parti !
Quelques heures de routes sur une route bien goudronnée ne fatiguent pas, ensuite il faut bifurquer vers l’océan via les pistes multiples. Un stop à San Juan del Sur est indispensable, histoire de sentir ce que devient aujourd’hui ce village de pêcheurs devenu Mecque du surf Nicaraguayen. Les commerces et certains hôtels sont ouverts, avec beaucoup de précautions. C’est bien calme mais le weekend semble ressembler aux journées libres d’avant, influence presque normale, à base de tourisme national évidemment.
Ce village de pêcheur n’en est plus un finalement, les collines avoisinantes ont vu fleurir des maisons coquettes et des hôtels plutôt chouettes. On fait le tour et on se perd devant quelques menus affichés devant le restaurant chinois, italien ou autres. Quel plaisir, il nous suffit de faire quelques « cuadras » ou blocs de maison pour croiser des surf shops, boutiques de souvenirs et autres « tiendas » au charme local. Les bus et les taxis attendent cependant le retour à la normale, assis sur les marches bordants le parc à côté de l’église. C’est presque désert en ce moment, et au bout de la rue, on peut distinguer quelques mats qui se balancent dans la baie, en bas, à 200mètres. Notre regard s’arrête sur le portrait de Sandino, héros national, et nos pensées s’égarent. Nous pensons à l’histoire riche du pays et à ces récits que nous entendons sur le San Juan Del Sur d’il y a vingt ans. C’était le même, les jeunes pêchaient plus et surfaient moins, surement.
C’est Debbie, une hollandaise installée avec son mari, qui nous accueille et nous prête la maison, une maisonnée superbe perdue dans la jungle, à 5 minutes de Playa Remanso, à 10 minutes du cœur de San juan Del Sur. Nous ne sommes pas si isolés finalement, mais l’impression est bonne, surtout la première.
Poursuivons notre chemin, plus au sud vers la frontière avec le Costa Rica. Tout est vert et bien plus cher pensais-je souvent quand je transitais dans le coin. Aujourd’hui le sud est accessible et peu fréquenté.
Quel plaisir de rouler et de se perdre sur les pistes à la recherche de nos prestataires ou guides, souvent des amis de plus ou moins longue date. On sent bien que c’est compliqué pour tout le monde mais nous réalisons à quel point ces gens ont une faculté de rebond bien supérieure à la nôtre. Pas de cours de surf ? Va pêcher ! avait glisser un ami sur la route.
Rendez-vous avec Daniel ! s’était exclamé Maelle. Une heure de route au sud et c’est Ostional qui nous ouvre ses portes, le dernier village avant la frontière. Sur sa plage, on y aperçoit la côte du Costa Rica voisin, des « lanchas » se baladaient avant, légalement ou non. Aujourd’hui c’est plutôt calme avait glissé l’ancien gardien de réserve et aujourd’hui guide. Ce dernier avait l’habitude de marquer à la peinture, la marque jaune, chaque tortue qui venait pondre sur la plage de la réserve a côté. La réserve de la Flor, jusqu’ à 17 000 tortues viennent pondre sur trois jours ici. « La ponte ? de juillet à décembre avait signalé Daniel ».
Les petites tortues prennent l’eau souvent de septembre à mars et c’est un spectacle inoubliable ! Terminons la visite par une baignade sur la playa el coco, la fameuse. Grande et perdue, du sable blanc partout et une eau bien claire et fraiche, c’est ce qu’il nous faut. Il suffit de s’armer de sa planche et de profiter un peu. C’est sur cette plage que nous sommes tombés amoureux du pays en 2013, Maelle était alors enceinte et nous logions dans une guesthouse non loin, la seule, fermée aujourd’hui. Pas de problème ! Un autre propriétaire a converti sa résidence en petite auberge classe et rustique pour accueillir les voyageurs, c’est un bon compromis ! Authentique ! Nous prenons note.
Le principal objectif de la reconnaissance était atteint, il fallait constater l’opérationnalité de la réserve et rencontrer une nouvelle fois Daniel. Cet endroit est plus qu’à recommander, c’est un incontournable au sud, c’est certain ! Et notre guide nous garantit de belles surprises. Pourquoi ne pas terminer sur la plage de la réserve après une sortie en mer pour pécher ? Manger le fruit de sa pêche sur el coco ? c’est possible ? On pourrait surfer Yankee et terminer aussi dans la réserve, avais-je questionné. À votre avis…
Quelques jours passent rapidement quand nous prenons du bon temps, c’est le problème des vacances, vous le savez bien. Une reconnaissance, c’est un peu les vacances nous avait glissé Antoine. Il avait raison. Et terminer par la visite de toutes les plages environnant San Juan del Sur, ce n’était pas du travail. Des spots de surf vierges et des sentiers de randonnées partout ! Des villages ouverts et souriants ! Des pistes incroyables et des abords de tous les verts ! Et des surprises, comme toujours au Nicaragua.
De l’hôtel sympa avec piscine à débordement sur une vue incroyable au restaurant pas cher et délicieux, du guide local reconverti en pêcheur au chauffeur de taxi surfeur le dimanche ! Nous ne nous sommes pas ennuyés et nous serons ravis de partager avec vous nos bons plans et nos idées. Beaucoup de nos circuits sur mesure inclut un passage ici, à San Juan del Sur, mais nous pensons que prolonger son séjour ici, au-delà de deux nuits peut franchement valoir le coup ! La région est la version Nicaraguayenne du Nord Costa Rica voisin, en vert et en moins cher. C’est bien plus que le pays des lacs, des volcans et des vagues. Nous sommes prêts à vous accueillir, ils sont prêts et nous vous glissons en guise de final un petit « Nos vemos pronto aqui », au Nicaragua.