« – Pas de visions, ni de prévisions, c’est l’occasion de descendre à Ometepe rencontrer nos partenaires historiques ! » avait glissé Maelle. Je n’avais pas réagi et tentais de me rappeler les souvenirs que j’avais de cette île plantée au milieu du lac Nicaragua, le lac Cocibolca et ses deux énormes volcans, son isthme et sa nature luxuriante. J’avais gardé un souvenir spécial de cet endroit. Je me souviens que beaucoup de personnes passées par là évoquaient l’expérience vécue et l’énergie ressentie sur l’ile la plus grande du lac. Accessible en ferry, rapide et « safe », on se retrouve rapidement au port de Moyogalpa, petit chef-lieu de l’ilot et de sa poitrine ennuagée.
Eau, Terre, Feu et Vent, les quatre éléments. La remarque de Maelle était justifiée, les éléments sont partout à Ometepe.
Le Vent
Ça souffle fort par ici. De la traversée en ferry à la petite randonnée jusqu’à un mirador, ses courants d’air rafraichissants sont comme un piège pour les plus sensibles. Les coups de soleils sont à craindre. Faut-il conseiller la manche longue et la casquette ? Nous ironisons et apprécions alors la ballade, le vent devient une bénédiction, il ferait bien étouffant sinon. Quelques amateurs de sensations ont eu la chance de faire du kite surf dans le coin, les locaux gardent un souvenir amusé de ce cerf-volant énorme trainant sur le lac son pilote comme une poupée. Considérons qu’il faut être chanceux de pouvoir tomber sur du matériel à louer, tout reste possible au Nicaragua.
Le Feu
Les volcans sont imposants sur l’ile, on ne voit qu’eux ! C’est incroyable. Concepción est un volcan encore en activité. Le trek proposé est solide et sportif.
En face, le volcan Maderas est endormi, son accès et son « bosque de lluvia », une forêt humide, sont une réelle surprise. Autre chose ? Randonnée autour de sa lagune ! Les volcans deviennent alors un espace de ballade et d’exploration formidable. Pas de lave visible comme au volcan Masaya mais de réelles sensations lors de l’ascension ou sur les différents chemins de l’ile. C’est volcanique et brulant. Les habitants semblent paisibles et la crise sanitaire a donné à cet endroit une impression de vide, de nature puissante et de moment arrêté, encore une fois.
L’Eau
L’eau est partout et douce ! La baignade est possible à tous les moments et à presque tous les endroits.
Certains sites à l’intérieur de l’ile regorgent de petite cascade, de cours d’eau ou de « rios ». Ojo de agua est une piscine naturelle énorme, eau volcanique, à l’ombre des arbres de la forêt tropicale. Les familles vivent avec le lac et les différentes sources d’eau situées sur les volcans. Se laisser aller et glisser sur le rio en kayak est un réel plaisir, dans l’isthme et son bras d’eau. Seuls au milieu des oiseaux et de l’épaisse végétation. C’est vert, sauvage et humide, les oiseaux migrateurs ont trouvé le bon endroit, c’est magnifique, un véritable éden. Les chevaux viennent aussi se rafraichir, le repos après le travail aux champs.
La Terre
Ometepe semble pouvoir être autonome et coupé du monde. Tout semble pousser, les fruits et les légumes sont présents toute l’année.
Nous réalisons alors que les projets de permaculture et de tourisme rural avaient bien fleuri avant 2020. Les bordures de routes sont souvent occupées par les chevaux, les charrettes et certains produits locaux embarqués. La photo et le panorama invitent à s’arrêter et à apprécier la vie et son rythme dominée par les volcans. Ces derniers rendent la terre bien fertile et cela se ressent dans l’assiette. Pas seulement. Le tourisme étant absent cette année, beaucoup de guides et de prestataires locaux sont retournées à leurs fermes familiales, les fincas. Tout le monde cultive son petit lopin de terre, certains pêchent. Ometepe nous offre vraiment son cœur, la vie semble simple et compliquée. La terre, le climat et la population locale semblent s’être accordée depuis bien longtemps. Le bilan de la reconnaissance sera simple, c’est un incontournable !