L’importance du Rio San Juan dans l’Histoire du Nicaragua

Désigné par le terme “el desaguadero”, le “draîneur”, par les espagnols, le fleuve San Juan a été révélé aux conquistadores en 1525. Son importance et sa position stratégique sautaient aux yeux. Il était alors bien plus simple de contrôler les allers et venus entre le Lac Nicaragua et l’océan Atlantique. Il aura quand même fallu une quinzaine d’années pour découvrir l’embouchure du rio dans l’océan mais finalement de véritables expéditions ont réussi ce défi.

Le rio San juan est un incroyable hub finalement, entre la province du Nicaragua et tout le territoire espagnol. D’importants échanges commerciaux et diverses autres connections avaient alors lieu entre Granada et la Havane, Granada et Cartagène. 

A l’ère des grands succès de la piraterie dans les Caraïbes, le rio a était connu par la forte présence de pirates et de flibustiers, souvent poursuivis par les corsaires ou autres marines royales de l’époque. Certains boucaniers et marins connus faisaient beaucoup d’incursions par le fleuve. Morgan, Morris ou François l’Olonnais ont certes pu pénétrer et piller certains territoires espagnols, mais ils furent très souvent repoussés, plutôt facilement, par la défense des colons qui avaient construits des fortins et par la complication de naviguer sur le fleuve. Quand les incursions pirates arrivaient à passer, c’était des pillages assurés dans la ville de Granada, et même parfois de León, plus au Nord. Pillages de marchandises et de trésors de guerre mais aussi mise en esclavage des habitants faits prisonniers. Pour défendre et protéger le domaine du rio, une dizaine de fortifications ont été construites, la plus grande, El Castillo, est encore visible aujourd’hui.

Jusqu’au siècle dernier, beaucoup de conflits furent provoqués par la conquête et le contrôle du rio San Juan, des conflits politiques et commerciaux mais aussi des échanges musclés entre certains partis, entre indigènes et colons, entre colons, entre propriétaires d’exploitations de bois, de bananes, etc… Entre pirateries et conflits indigènes Miskitos, la région a vu passer les couleurs de beaucoup de drapeaux, le gringo surtout, le drapeau américain. 

Pendant les années de conflits entre les couronnes espagnoles et anglaises, une alliance anglo-indigène a bien tenté de prendre pied et place sur l’embouchure, le fortin de El Castillo avait perdu son chef de garnison, la légende veut que ce soit sa fille, Rafaela, qui organisa la défense contre l’invasion, avec succès! Plus tard, le fameux marin britannique Nelson se frotta aussi pendant une longue bataille d’une vingtaine de jours, sans victorieux. La maladie et le mauvais réapprovisionnement du fort et de la colonne belliqueuse l’envahissant  avaient décimé les envahisseurs comme les défenseurs.  

Jusqu’au siècle passé, le rio San Juan a bien été un centre d’intérêt certains pour les principaux pays européens occupants le territoire central américain. Au Nicaragua, comme dans la région de San Juan, le pays et les indigènes n’échappent pas à l’invasion espagnole et aux conflits associés, à la piraterie et à la contrebande… Jusqu’à tomber dans l’oubli, ou presque.

El Castillo

Le petit village pittoresque de El Castillo est situé à environ 2 heures de panga sur le fleuve San Juan depuis la ville de San Carlos. Il n’y a pas de routes mais des chemins et des quais au bord du fleuve.

La petite bourgade tranquille porte l’historique nom de la forteresse Castillo de l’immaculée conception, construite par nos voisins ibériques afin de défendre ce “hub” naturel contre les différentes invasions de pirates et flibustiers. Ses ruines de plus de de 300 ans restent visibles.

C’est un général artilleur de l’armée espagnole qui recommanda sa construction. En 1671, depuis le Guatemala, les autorités espagnoles donnèrent rapidement l’ordre de commencer le chantier dans cet environnement hostil. Situé sur une petite surélévation du terrain en bord de rio, sa position est stratégique et privilégiée pour construire un poste de surveillance et de défense. Les locaux donnaient alors le nom de “Raudal del diablo” à cette construction nouvelle, de style classique guerrier et défensif de l’époque. Les espagnols répondirent gentiment en la baptisant sacralement “Castillo de la Pura y limpia concepción”, au nom de la sainte vierge, l’évangélisation de la région était alors en marche.

Ce fut un véritable point de rencontre, un hub et un noeud “routier”, les routes commerciales traditionnelles se sont vite tournées vers le rio San Juan, comme vu ci-dessus, surtout pendant la fièvre de l’or, en plein 19ème siècle, bien après l’arrivée des colons.  Le fortin et le castillo ont été défendus à maintes reprises contre troupes et flibustes anglaises ou autres nationalités conquérantes présentes dans la région. Le très réputé Capitaine anglais Nelson, héros de Trafalgar, est passé par là aussi et l’odeur de la poudre a flotté quelques jours. Jusqu’au combat à corps à corps, il finit par conquérir la forteresse espagnole. Il n’y resta pas longtemps, ces hommes et la troupe souffraient du climat et des maladies.

El Castillo est ensuite doucement tombé dans l’abandon et l’anonymat des noms de places perdues ou détruites pendant le siècle d’or du continent, el siglo del oro del asesino. Les veines de l’amérique centrale étaient bien ouvertes, El Castillo n’est alors qu’une trace vite effacée par l’inauguration du canal de Panama et par la mise en place du chemin de fer au Nicaragua.

Que faire à El Castillo et ses alentours ?

El Castillo est un site attractif pour les amoureux de la Nature avec ses accès aux rivières et aux réserves naturelles. Vous pourrez vous y reposer tout en vivant une expérience incroyable en pleine Nature et hors du temps au travers des excursions suivantes :

  • visite de la forteresse de El Castillo, où vous pourrez apprécier l’architecture de cet ancien édifice militaire et imaginer les batailles épiques qu’il y a pu se produir
  • observation des nombreux oiseaux et animaux vivant au bord du fleuve
  • déjeuner un bon poisson grillé au bord du fleuve dans le petit village de Sabálos
  • randonnée dans la réserve biologique Indio Maiz à la découverte de sa jungle et de ses “habitants” (lire ci-dessous)
  • visite de la fabrique artisanale de chocolat
  • balade en kayak sur le rio San Juan

Réserve biologique Indio Maíz

La réserve biologique Indio Maíz est considérée comme l’une des réserves naturelles les plus grandes, plus de 3.000 km2, et les plus préservées du Nicaragua. Elle est le coeur de la faune et la flore du pays et de la région. Entre la centaine d’espèces d’oiseaux et autres animaux ailés dont des toucans, de gros mammifères tels que pumas ou jaguars (et oui!), on a la chance de pouvoir compter sur la présence de trois des plus belles espèces de singes présentes sur le secteur : le singe congo, le singe à face blanche et le singe araignée. Le témoin et garant de la préservation de cet espace est bel et bien l’état nicaraguayen, qui pour la protéger interdit l’accès à la plus grande partie de la réserve mais permet la visite sur un territoire défini suffisamment grand pour nous permettre de découvrir toutes ses merveilles.

S’y rendre ?

Les villages au bord du rio San Juan ainsi que la réserve biologique Indio Maiz sont exclusivement accessibles par voie maritime depuis l’embarcadère de San Carlos.

Vous aurez le choix de voyager à bord d’une lancha privée ou publique. Le second choix étant moins onéreux que le premier.

Préparez votre prochain voyage au Nicaragua !